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Les Enfants de Moins de Douze Ans Volent !!!

Michel Gendarme : création texte, lecture
Jean-Sébastien Mariage : guitare

« Un Hommage aux Arbres, aux Tempêtes et aux Hommes »
pour voix, musicien et récitant

Extrait d’une séance de travail :

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LE TEXTE comme MEDIUM
Racines
Dans la région du Sud-Ouest de la France, depuis « Martin » (1999) et « Klaus » (2009), les tempêtes ont durablement blessé des paysages qui semblaient immuables. C’est pourtant bien la gestion économique et politique par les hommes qui produit l’accélération des modifications fatales du paysage naturel.
Mais les tempêtes tuent brutalement dans un très court laps de temps, rappelant aux hommes les dangers potentiels d’une nature qui est si peu maîtrisable. Nous voudrions l’oublier, nous dont les conditions naturelles de vie sont confortables, comparées à celles d’autres pays asiatiques ou africains. Une dizaine de morts ici, des milliers là- bas.

Urbanités ou Rurbanités
Nous ne connaissons plus l’arbre qu’il était. Nous ne regardons plus l’arbre.
Combien les arbres du lointain ont une importance cruciale dans l’équilibre climatique planétaire. Et combien ceux de nos parcs et forêts ne sont pas que des éléments secondaires à notre confort de vie. Dans l’affolement dangereux, aux prises avec les tempêtes de toutes sortes, que valent la vie d’un enfant et celle d’un jeune, eux dont le regard baissé sous la capuche du blouson ne croise plus l’ombre d’un maigre arbre sur le parking de leur Cité ?
Que représente pour eux cet arbre qu’ils ne connaissent pas, cette odeur du bois, de la sève ?
Il n’y a pas de quoi se perdre dans la Cité, qui ne représente pas ce danger prometteur d’une forêt dense que craignent les enfants. L’aventure est impossible dans un hall d’entrée, la confrontation au réel y est permanente, et l’accès à l’imaginaire empêché de fait. Alors ils sont pris dans les tempêtes adultes, immédiatement frappés par le réel gris du tout consommable, et si l’accès en est barré ils grondent, brûlent, et se brûlent.

Une Construction Formelle Binaire de l’Ecriture
D’emblée il a paru flagrant que la musique et la voix viendront contrarier cet échelonnement binaire.
L’écriture est rythmée par le séquençage en Douze Echelons, correspondant aux douze graduations définis par l’Echelle de « Beaufort », niveau 1 ..., niveau 2 ..., etc...
Chaque Echelon présente Deux Parties se succédant.
La Partie 1, est appelée la Poésie du Niveau correspondant, 1, 2, 3, etc... exemple : Le temps est calme / Leurs ailes sont des poisons invisibles / Des pinsons variables dénotent les écorces... La Partie 2, est appelée la Poésie de l’Arbre correspondant, Charme, Châtaignier, etc...
Cette Poésie de l’Arbre est elle-même divisée en Deux Espaces qui se succèdent également.
Un Espace Métaphorique, exemple : Il y avait un arbre quand c’était un jardin non pas une entreprise un super commerce une super usine âge de longtemps...
Un Espace Métonymique, exemple : Charme arbre de plaine à feuilles gaufrées caduques vit sur sol argileux ou calcaire ne dépasse pas vingt mètres se taille facilement en haie bois blanc...
Trop appuyée, cette régularité peut lasser et sa trop forte proéminence éventuelle masquer la vitalité du crescendo naturel de l’œuvre, exprimé par une tension progressive sensible, à mener prudemment.
Ce risque est atténué par la découverte d’une écriture suffisamment « imprécisément » poétique, pour rompre ainsi le risque d’un rituel monotone car vite dévoilé/compris.
Les variantes d’écriture, internes à chaque partie de l’œuvre, constituent autant d’instants créatifs, de propositions sur/avec lesquels joueront la lecture, les voix, la musique et les couleurs.

* Des extraits du texte sont parus dans la revue VERSO n°149

La création vocale et musicale
Le texte étant écrit par avance, chaque participant en a la connaissance. Toute la qualité de la création improvisée dépend de la faculté du groupe à dépasser les tentations illustratrices, expressionnistes, narratives. Le texte est prétexte mais il donne le sens du continuum créatif collectif. Le travail vocal part de la matière textuelle de l’auteur, chaque mot inspire un geste vocal, les mots sont le réservoir sonore. Le travail consiste à creuser le phonème, le tailler, le sculpter, l’accidenter, afin de rentrer dans la pulpe du mot.
L’improvisation se joue dans cette capacité, séduisante, à s’emparer des différents mouvements naissants des mots, des sens émergents d’une expression textuelle, afin qu’elle devienne autrement autre chose dans une re-présentation musicale, vocale, chantée, rythmale. Les notes de la guitare travaillées à l’instant même, ainsi que les mots dits qui peuvent être silence, attente, devenir, les cordes des voix surgissent, s’improvisent sur un linéaire parfois repéré, parfois invisible, ressenti, parfois inventé, absolument pas prévu, non déterminé, mais qui s’archive au fur et à mesure de la recherche menée par le collectif le long des séances de répétitions de création.
C’est une attente groupale, fulgurante et intuitive, un non laisser-aller non directif mais commandé par l’instinct d’émotions des créateurs en présence.
Un cadre pour ce faire est ici défini, pensé, construit, l’espace sonore et visuel est au- delà d’une définition de simple contenant, mais un globe multi-modal où chaque noyau d’énergie créatrice trouve et créé sa partition à la faveur de la naissance des autres, un renvoi de signes à signes pour une œuvre singulière.

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